Villa Royale de Monza, la résidence qui alluma la lumière avant tout le monde

Alexandra Sanders

Updated: 19 Septembre 2025 ·

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Villa Royale de Monza

Villa Royale de Monza, la résidence qui alluma la lumière avant tout le monde
photo de siviaggia.it

À quelques kilomètres de Milan, où la ville cède place à la campagne et aux grands boulevards arborés, se dévoile un complexe monumental qui raconte trois siècles d'histoire européenne : la Villa Royale de Monza, une résidence royale de 700 chambres, avec une histoire impériale, des jardins à l'anglaise et une étonnante vocation technologique.

En effet, c'est ici, où l'élégance des Habsbourg et le style des Savoie se mêlent encore, que passé et innovation coexistent en parfait équilibre. Et ce n'est pas seulement pour sa structure majestueuse ou l'immensité de son parc : il est surprenant de découvrir qu'il fut également l'une des premières résidences au monde où la lumière électrique fut allumée avec un interrupteur.

Avant la Régence : pavillons, jardins et scénographies surprenantes

Les bâtiments qui accueillent avant même de franchir le seuil de la Villa Royale composent un véritable "prélude scénographique" à l'expérience de la visite. Ce sont des espaces conçus pour fasciner et raconter, chacun ayant une fonction différente, aujourd'hui transformés en lieux culturels de grande suggestion.

L'Orangerie

Élégante et lumineuse, l'Orangerie fut conçue en 1790 par Giuseppe Piermarini pour accueillir des plantes exotiques et des agrumes, selon la mode de l'époque. Ce n'était pas seulement une serre, mais un véritable symbole de statut : elle fut inaugurée à l'occasion du vingtième anniversaire de mariage de l'Archeduc Ferdinand avec Maria Beatrice d'Este, comme un signe de prospérité et de raffinement.

Après un soin particulier, elle abrite des expositions temporaires et des initiatives culturelles, et maintient sa vocation originelle d'espace vivant et polyvalent.

Le Petit Théâtre de la Cour

Petit par ses dimensions mais grand par son élégance, le Petit Théâtre de la Cour a été construit en 1806 selon le projet de l'architecte Luigi Canonica. Pensé pour le divertissement privé de la cour, il conserve encore aujourd'hui une atmosphère intime et recueillie, avec des fresques néoclassiques décorant les murs et le loge royal : anges, masques, instruments de musique et motifs floraux se rejoignent dans une décoration légère et précieuse.

La Rotonde de l'Appiani

Un chef-d'œuvre d'architecture et de scénographie. La Rotonde, également conçue par Piermarini, est un espace circulaire créé pour étonner les invités avec des solutions ingénieuses : cheminées rotatives, fontaines et portes dissimulées, dans une fusion parfaite entre fonction et émerveillement.

Les fresques de la voûte sont l'œuvre d'Andrea Appiani, l'un des plus grands peintres néoclassiques italiens, et représentent le mythe d'Amour et Psyché, choisi comme symbole de beauté, mystère et passion.

La Chapelle Royale

Cachée entre les ailes de la Villa, la Chapelle Royale est un chef-d'œuvre baroque avec un plan en croix grecque, enchâssée dans une structure extérieure carrée.

Dédiée à l'Immaculée Conception, elle est décorée avec des stuc, des frises et des rosaces attribuées à l'architecte Giocondo Albertolli. Au centre de l'autel principal se distingue une toile attribuée au Legnanino, représentant la Vierge Immaculée avec une intensité spirituelle qui contraste avec la légèreté néoclassique de l'architecture environnante.

Entre miroirs, fresques et salons : le cœur de la Villa Royale

Visiter la Villa Royale de Monza signifie plonger dans un univers archéologique et décoratif raffiné. Le parcours s'étend sur 28 espaces, répartis entre les Appartements Royaux et les somptueuses Salons de Représentation. On commence par l'atrium d'entrée pour ensuite traverser l'histoire : des Habsbourg à Napoléon, des Savoie aux projets contemporains.

Les Salons de représentation

L'Atrium des Écuyers, le majestueux Salon de Bal, la lumineuse Salle des Oiseaux décorée selon le goût "chinois", la Salle à manger officielle : ce ne sont que quelques-unes des salles du premier étage, où se conservent des sols vénitiens et en bois d'origine, des stucs néoclassiques et des fresques réalisées par les plus grands artistes du second XVIIIe siècle lombard.

Les décorations, sobres mais raffinées, parlent d'une époque où l'art était au service du pouvoir, et l'élégance un outil diplomatique.

Les Appartements royaux

Parmi les espaces les plus fascinants se distinguent les Appartements Royaux d'Humbert Ier et de la Reine Marguerite, qui vécurent ici dans la seconde moitié du XIXe siècle : les pièces racontent le goût de la cour avec des meubles sculptés, des velours, des tapis orientaux, de grands miroirs et des détails précieux.

Dans la Salle de Billard, on admire encore les tables réalisées par l'ébéniste Giuseppe Maggiolini, tandis que l'ancienne bibliothèque en acajou, aujourd'hui restaurée, abrite une collection de céramiques de Sèvres autrefois utilisées par la maison royale.

Les Appartements privés

Les espaces les plus intimes ont été transformés par l'architecte Majnoni d'Intignano, qui a mis à jour la décoration selon les goûts du XIXe siècle mais sans renoncer à l'agencement majestueux voulu par les Habsbourg. Chaque pièce est une citation cultivée des grandes résidences européennes du XVIIIe siècle, dans un dialogue continu entre sobriété et magnificence.

Le Belvédère

Entrée nocturne de la Villa Royale de Monza, Lombardie
Détail de la Villa Royale de Monza photo de siviaggia.it

Le dernier étage de la Villa, autrefois destiné au personnel, offre l'une des vues les plus émouvantes de l'ensemble. D'ici, le regard s'étend d'un côté le long du télescope des Jardins Royaux, qui pointe idéalement vers Vienne, de l'autre il suit le grand Viale Cesare Battisti en direction de Milan.

Lieu suspendu entre vision impériale et horizon moderne, il a également été refuge durant la Seconde Guerre mondiale, lorsqu'il a été temporairement habité par des évacués. Restauré en 2014, il a retrouvé son double visage : celui austère et celui panoramique, entre ciel et histoire.

Curiosités sur la Villa de Monza

La Villa Royale de Monza a été construite en seulement trois ans, de 1777 à 1780, à la demande de l'Archeduc Ferdinand d'Autriche, qui souhaitait une résidence d'été saine et proche de Milan. Elle a été conçue par Giuseppe Piermarini, le même architecte que celui du Teatro alla Scala, qui s'est inspiré pour la villa de la Régie de Caserte et du château de Schönbrunn. Il en est ressorti une imposante structure néoclassique en forme de U inversé, composée d'un corps central et de deux ailes qui abritent aujourd'hui plus de 740 chambres sur 22 000 mètres carrés.

Mais ce n'est pas seulement la beauté qui impressionne. C'est l'âme moderne qui surprend : la Villa a été l'un des premiers bâtiments au monde équipés de lumière électrique activable par un interrupteur, symbole de ce lien entre innovation et représentation qui a marqué son histoire.

Le cœur de la villa est immergé dans un système conçu pour émerveiller. Le fameux "télescope prospectif", imaginé par Piermarini, est un boulevard qui part idéalement de Vienne, traverse symboliquement l'empire autrichien, regarde vers Milan et s'ouvre sur un paysage qui unit géométrie et nature. Pour financer ce projet ambitieux, l'impératrice Marie-Thérèse d'Autriche a décidé de laisser une empreinte visible et durable.

En 1805, Napoléon Bonaparte transforma la Villa en un domaine agricole avec parc attenant : c'est ainsi qu'est né le Parc de Monza, aujourd'hui l'un des plus grands parcs clôturés d'Europe, avec plus de 720 hectares d'extension. Outre les Jardins Royaux de style anglais, conçus en 1785, le parc est un lieu ouvert et vivant où l'art, la nature et le sport coexistent.

En 1868, Vittorio Emanuele II a donné la Villa à son fils Humbert Ier à l'occasion de son mariage avec Marguerite de Savoie et le couple l'a transformée en résidence d'été.